Les jardins sociaux sont apparus dans les années 1930 et 1940 : l'initiative venait principalement des compagnies minières et des industries métallurgiques du nord de la France, ainsi que de Berlin, afin de stabiliser socialement une classe ouvrière d'origine rurale, immigrée, souvent pauvre et sans racines. Ces "parcelles" étaient principalement destinées à améliorer la vie quotidienne des familles à faibles revenus. Inconsciemment, cette tendance donnait à certains un sentiment d'autonomie, sans patron ni hiérarchie, une valeur ajoutée pour des hommes dont le statut d'ouvrier empêchait toute réelle promotion sociale.
Après quelques décennies, ces "cités potagères" ont suivi l'évolution "socio-économique" de l'époque. Ce qui était vital pour améliorer la vie quotidienne s'est progressivement transformé en initiatives citoyennes, plus sensibles à la cause écologique et plus en phase avec la culture locale et "bio" avec une approche plus saine de l'alimentation. Le goût est différent, même si cette perception est parfois psychologique. Dans les années 1960, les légumes en conserve étaient souvent réservés aux pauvres, et l'ajout de légumes frais donne l'impression d'être un peu plus riche.
Une tendance plus récente est le jardin biologique, fruit de la déception d'une société surindustrialisée où les rendements priment sur la qualité. C'est un retour aux "jardins ouvriers" où, faute de moyens financiers, pesticides et engrais n'étaient tout simplement pas utilisés. Au final, le jardin "bio" n'est rien d'autre qu'un "jardin traditionnel" où, à l'époque de nos grands-parents, on ne cultivait que naturellement !