L'histoire mouvementée du château de St. Job a été racontée et commentée par Jacques Dubreucq dans son livre "Uccle : Tiroir aux souvenirs" (2 volumes). Le château de St. Job était un édifice classique ou mieux, une « campagne » du début du XVIIIe siècle, communément appelée « la maison de Wanzijn ». Qui était ce Wanzijn et quand y aurait-il habité ? C'est peu clair, mais une rue porte aujourd'hui ce nom à l'emplacement du « château ». L'avenue Dolez, la chaussée de St. Job et la Vieille rue du Moulin (où se trouvait l'entrée principale) délimitaient la propriété avant son lotissement.
Au début du XVIIIe siècle, Joseph de Moncheaux, seigneur de Hannetz, en était propriétaire. Après lui on ne sait rien, jusqu'au début du XIXe siècle, lorsque Jacques Claessens, un rentier, y possédait un bien de 10 ha, dont faisaient partie plusieurs jardins, des terres, des maisons et un vaste étang situé en contrebas de sa demeure.
Il serait fastidieux d'énumérer tous les propriétaires qui succédèrent à Claessens ; au début du siècle, le château avait été transformé en un agréable établissement ouvert au public en quête d'escapades champêtres. Il existe du reste plusieurs vues de cette « guinguette », sur l'une d'elles apparaîtrait, selon J. Dubreucq - spécialiste de la petite histoire ! - la belle-mère du peintre Paul Delvaux. En 1908, le domaine fut acquis par des religieuses françaises, qui remplacèrent la grille d'enceinte de la propriété par un haut mur.
Le château devint leur couvent, tandis que les dépendances furent aménagées en asile pour nécessiteux, en imprimerie, buanderie et maison de retraite pour vieux soldats blessés lors de la bataille de Sedan. En 1913 le domaine, d'un peu plus de 8,5ha, fut vendu à quatre membres de la famille d'Arenberg. Deux d'entre eux avaient des liens avec Uccle : Eléonore Ursule Joséphine et sa fille Marie Ludmille Rose Sophie d'Arenberg avaient en effet habité le château de la Montagne. Les Arenberg y restèrent peu de temps, car les biens furent placés sous séquestre de 1918 à 1940.
Par ailleurs, aucun membre de la famille d'Arenberg n'a jamais été enregistré à Uccle à cette adresse. Dans l'entre-deux guerres, le château hébergea des familles nécessiteuses. A cette époque, la propriété était aussi fréquentée par les nudistes ! Parfois - écrit Dubreucq - des « observateurs » munis de fortes jumelles et postés dans les greniers de l'avenue Dolez allaient après coup porter plainte pour attentat à la pudeur.
A la fin des années 30 le château était en ruine et le domaine à l'abandon. Les Allemands l'utilisèrent encore comme dépôt de munitions. Peu après la guerre, la propriété fut vendue par Marie Ludmille Rose Sophie d'Arenberg à l'ingénieur Edouard Roulez, qui la lotit aussitôt. Le château fut rasé, l'étang asséché.
Extrait de "Les châteaux d'Uccle", F. Varendonck et C. Temmerman, édition du cercle
La belle commune d'Uccle, au sud de la Région bruxelloise, s'est développée à partir de plusieurs entités. L'une d'elles était le hameau de Saint-Job. Le village rural faisait en réalité partie de la Seigneurie de Carloo qui était indépendante, tout comme celle de Stalle. « Carloo » signifierait un coin de bois dénudé. L'historien Jean-Marie Pierrard rapporte aussi une légende qui expliquerait l'origine du mot : D'après elle, c'est Charlemagne qui, de passage à Uccle à l'occasion de la consécration de l'égilse Saint-Pierre par le pape, donna son nom à Carloo qui se traduirait alors par « bois de Charles ». Mais au nom de ce domaine, les habitants lui préféraient celui de Saint Job, personnage biblique représentant la souffrance et considéré comme le modèle de la patience. La chapelle de Carloo était consacrée à ce saint. Le nom de Saint-Job ne fut cependant officialisé qu'en 1835.
Sur la place de Saint-Job, le centre du hameau, il y eut donc un château. En réalité, trois y furent construits successivement, des fouilles archéologiques en ont révélé les fondations. C'est à la fin du XVIIIe siècle que les seigneuries de Carloo et de Stalle sont unifiées à l'ancien village ducal d'Uccle. Mais les habitants gardent leur esprit d'indépendance. On rapporte que les Saint-Jobois ne se sentaient pas ucclois. Lorsqu'ils allaient au centre de la commune, ils disaient aller à Uccle.
Au XIXe siècle, ce grand domaine passa dans les mains de la baronne Vander Noot et de son époux, le prince Louis Lamoral de Ligne. Dans les années 1880, relate J.L. Lechat dans "Souvenirs d'Uccle", Léon Hamoir acheta la part de leur héritage comprise entre les chaussées de Saint-Job et de Warterloo : elle se composait de plusieurs fermettes, des ruines du château de Carloo, d'une église dédiée à Saint-Job et de 33 hectares de prairies....
Les blés - Saint-Job (1947)
Gravure d'Henri Quittelier, peintre, dessinateur et graveur belge (1884 - 1980)
Tout comme le Coin du Balai à Watermael-Boitsfort, le quartier de la place de Saint-Job est devenu très prisé et les prix immobiliers se sont envolés. Ce sont particulièrement les petites maisons de la pittoresque Montagne de Saint-Job et des chemins avoisinants qui sont les plus convoitées. Et puis ce coin d'Uccle offre des avantages non négligeables : un réseau de communication performant avec une ligne de train qui bénéficiera bientôt d'une halte RER au Vivier d'Oie, toute la panoplie des commerces de proximité, des restaurants, des écoles, une vie sociale animée avec le marché hebdomadaire, la brocante, la foire aux bestiaux plus que centenaire ... et enfin, la proximité de la Forêt de Soignes !
De quoi attirer les promoteurs immobiliers : un clos de 7 maisons baptisé "le village Saint-Job" vient d'ailleurs d'être construit à deux pas de la place. Depuis longtemps, le quartier essaie de résister aux pressions de toutes sortes risquant de dénaturer l'aspect authentique de ce « village ». Déjà au début du 20e siècle, un projet prévoyait un boulevard circulaire ceinturant le sud de la capitale en traversant le quartier. Heureusement pour les habitants, il fut abandonné.
Aujourd'hui, ce qui mobilise les riverains, c'est le projet de lotissement du plateau Avijl, un coin vert de près de 9 hectares, niché sur les hauteurs de la place Saint-Job. Délimité par les rues Benaets et Wansijn, la Montagne Saint-Job et la Vieille rue du Moulin, le site offre un paysage bucolique avec ses petits chemins, ses bois, ses prairies et ses potagers. Ici, pas de promoteur, c'est la commune d'Uccle, propriétaire du terrain, qui envisage la construction de 200 logements (au lieu de 300 comme prévu initialement). La moitié sera constituée de logements répondant aux critères sociaux et l'autre de logements moyens (avec un prix en dessous du marché). Pour les autorités communales, il est impératif d'attirer des jeunes ménages dans la commune et par conséquent d'augmenter l'offre de logements à des prix décents.
Pour les riverains, ce projet tel que défini dans le plan
(PPAS 28 ter) aboutirait à la destruction de près de la moitié des prairies et potagers du plateau. Ils contestent notamment la percée d'une nouvelle voirie au départ de la Vieille rue du Moulin jusqu’au coeur du plateau, ressentie comme « un coup de poignard qui détruit l'aspect villageois du quartier. Avec des habitations de 3 à 4 niveaux ». En avril dernier, la commission de concertation a toutefois demandé de
modifier certains aspects du projet de manière à rencontrer des revendications exprimées par les habitants, comme celle de
supprimer cette voirie. Les constructions seraient également concentrées sur le pourtour du site.
Extrait de
« La Tribune des Quartiers : Saint-Job », Hugues Prion Pansius
La renouée ou Fallopia japonica nous est venue d'Asie, plus particulièrement de Chine, de Taiwan et du Japon où elle a été la première à coloniser les sols pauvres brûlés par les éruptions volcaniques. La colonisation de cette plante a été volontaire en Europe, l'exotisme de la renouée ayant séduit de nombreux botanistes et jardiniers de l'époque. Introduite comme plante ornementale au début du XIXe siècle, elle s'est ensuite répandue, notamment en Angleterre (comté de Cornouailles) et en France, et le contrôle de sa progression, ou plutôt de son invasion, est devenu aujourd'hui indispensable. Sa présence en Belgique n'est pas datée, mais elle prolifère également sur le plateau d'Avijl, principalement sur l'ancienne décharge communale où étaient stockés les déchets "verts".
La renouée est une plante vivace dont les tiges et les feuilles meurent chaque année au premier gel. Les rhizomes et les racines passent l'hiver sous terre, à l'abri. Dès que les premiers rayons du soleil apparaissent au début du printemps, les rhizomes germent, se développent et donnent naissance à de nouvelles tiges segmentées, qui peuvent atteindre trois mètres de hauteur en juin et deux à quatre centimètres d'épaisseur. Ces tiges vertes, parsemées de petites taches rougeâtres, sont creuses et cassantes. Chaque segment de la tige principale développe d'autres tiges fines qui portent des feuilles vertes de forme ovale.
Elle ne se reproduit pas par la fécondation du pistil par le pollen ni par la production de graines. La renouée utilise des méthodes plus rapides. La première est le bouturage naturel de fragments de ses tiges, qui s'enracinent très facilement. La seconde est l'expansion par ses rhizomes, longs de plusieurs mètres et résistants au gel, à la fauche, au feu et à la pollution. Ces rhizomes ont également la capacité de bourgeonner et de donner ainsi naissance à de nouvelles tiges à croissance rapide qui colonisent chaque année un peu plus les berges et les terrains. Le système racinaire de la plante ne stabilisant pas le sol, un fragment de rhizome peut être emporté par une crue et développer une nouvelle plante.
La renouée n'a aucun concurrent naturel. Aucune plante indigène n'est capable de rivaliser avec sa vitesse de propagation, aucun insecte qui consomme la plante n'est connu à ce jour, et seule la présence d'un sol calcaire semble empêcher la prolifération des renouées.
Sa prolifération condamne la végétation indigène. D'abord, elle anéantit les autres plantes herbacées, puis viennent les jeunes arbustes, qui meurent par manque de lumière. De plus, elle sécrète des substances qui attaquent et tuent les racines des grands arbres. A long et moyen terme, toute la flore et la faune qui y vivent ou y trouvent refuge sont menacées. Plus qu'un fauchage régulier, c'est la restauration de l'ancienne décharge communale qui devrait être mise en œuvre.
Plusieurs expériences de lutte contre la renouée, sont en cours, l’un par l’Institut Bruxellois pour la Gestion de l’Environnement (IBGE) et l’autre sur deux affluents du Tarn (France). Dans le second cas, depuis 1997, sur deux affluents du Tarn, la réimplantation d’une ripisylve [1] (arbres, arbustes et herbacés) sur des massifs de renouées, préalablement fauchées et évacuées, accompagnée d’un entretien régulier, limitant la concurrence avec la renouée, donne des résultats encourageants pour l’avenir.
Deux arrachages annuels semblent être les plus efficaces, le premier se fait vers la mi-juin, juste avant le pic de végétation. Le second est effectué au début du mois d'octobre, pendant la période de repousse.
Évitez de transplanter la renouée du Japon dans votre jardin. Si elle est déjà présente dans votre jardin, effectuez des coupes répétées au niveau du sol, ce qui peut limiter la croissance de la renouée mais risque de propager la plante en multipliant les fragments. Si vous tentez de vous en débarrasser en l'arrachant, veillez à retirer tous les végétaux (tiges, inflorescences, rhizomes). Ne les jetez pas dans la nature ou dans une zone boisée.
Après l'arrachage, laissez les plantes en place en tas compacts, en utilisant le séchage ou le feu, ce qui évite la dispersion par auto-coupe. Cette méthode permet de stabiliser les gros peuplements et d'éliminer les peuplements à faible vitalité. Evitez de composter ces plantes. Vérifiez et nettoyez votre tondeuse et vos chaussures de marche après avoir travaillé dans une zone infestée. Protégez l'environnement, car ces plantes s'installent souvent dans des zones modifiées par les activités humaines (remblayage, creusement, enrichissement en éléments nutritifs, etc.).
[1] Le terme "ripisylve" vient du latin "Ripa" qui signifie rive et "Sylva" qui signifie forêt (origine des mots sylvestre, sylviculteur, sylve). Une ripisylve peut être une simple bande limitée au pied de la berge (boisement de berge) ou une véritable forêt (forêt alluviale).