En
termes économiques, l’apport de
ces jardins est loin d’être négligeable,
et améliore la qualité des
produits tout en permettant une
autre approche de la nourriture.
Le goût en est différent, même
si cette perception est parfois
d’ordre psychologique. A l’époque
des légumes en conserve (années
60), ceux-ci étaient souvent réservés
aux pauvres ; l’apport de légumes
frais donnera le sentiment d’être
un peu plus riche.
Viennent ensuite les jardins « familiaux
» réservés
à la classe moyenne, où chacun
cultive sa parcelle de légumes,
son petit coin de fleurs, dans un
contexte d’autonomie où la créativité
s’exprime naturellement. Notre
époque évolue et les jardins
suivent : au détour d’une
rue, nous découvrirons un jardin
contemporain, véritable sculpture
paysagère, avec des essences
rares, parfois agrémenté de
sculptures de pierre, de bois ou
de métal.
Un mode plus récente apparaît
sous la forme du jardin
biologique, fruit d’une déception,
celle que nous réserve une société
industrialisée à outrance, où
le rendement prime sur la qualité.
C’est donc un juste retour aux « jardins ouvriers
» où,
par manque de moyens financiers,
personne n’utilisait de
pesticides ou d’engrais.
Finalement, le jardin « bio » n’est autre
qu’un « jardin
traditionnel » où, du temps
de nos grands-parents, on ne
cultivait que naturellement !
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© GOOGLE - PLATEAU AVIJL -
31 JUILLET 2009 |
Le
marketing a bien compris que le
terme « bio » est vendeur,
et comme personne ne voit la différence,
c’est pain bénit pour les
industriels qui produisent des
tomates en grappes dites « bio », en réalité
cultivées en serre dans des
rouleaux en fibres végétales. Ce
n’est qu’un exemple, il y en a
bien d’autres.
Dans le cadre d’une vie en
milieu urbain, plus stressante et
plus exposée à la pollution,
cette « culture » potagère
débouche sur un nouvel état
d’esprit, qui permet de
(re)tisser des liens plus ouverts.
Toutes les classes sociales se
sentent aujourd’hui interpellées
par notre environnement immédiat
ou global. Autre notion, souvent
oubliée : le plaisir. La
salade mangée peu après avoir été
coupée, les courgettes fraîchement
récoltées, c’est tout
simplement le bonheur…
Au service du plaisir, le jardin
se féminise et pratique une
subtile confusion des genres au
niveau des compositions florales,
sans oublier l’aromathérapie
qui fait un retour en force dans
le domaine du bien-être et qui
agrémente nos jardins de variétés
diverses visant à éveiller nos
sens. Dès l’apparition des
beaux jours, les jardins
deviennent cuisines (ou)vertes où
les barbecues invitent à la
convivialité avec des promeneurs
de passage ou des voisins qui nous
semblent tout à coup plus
proches.
Uniformiser tous ces jardins par
le biais d’une réglementation
stricte serait contraire au but
recherché : la préservation
d’un espace de liberté où
l’on peut s’exprimer
librement. Chaque jardinier ayant
besoin de garder la maîtrise se
son espace afin de mieux le
partager ensuite avec les autres.
Benoît
malice |